Toxicomanie au sucre : est-elle réelle ? Littérature scientifique. Journal de médecine du sport, 2018, DiNicolantonio et collaborateurs

Publié par Dr sc Olivier Dufour le

Addiction au sucre : est-elle réelle ? Une revue narrative. British journal of sports medicine. 2018. DiNicolantonio, James J; O’Keefe, James H; Wilson, William L
01:50 Introduction
07:26 Le sucre se comporte-t-il comme une drogue ?
21:29 Le sucre est-il addictif chez l’homme ?
26:15 La dépendance au sucre pourrait prédisposer à la dépendance aux drogues
31:19 Quelles sont les découvertes ?

Toxicomanie au sucre : est-elle réelle ? Littérature scientifique. Journal de médecine du sport, 2018, DiNicolantonio et collaborateurs

Fichiers sources (.tex, .pdf, .bib):
https://drive.google.com/file/d/193QEdUg8uGb8Hp5T-8sEDnaqFvL_3_Zn/view?usp=sharing

Article original en anglais:

@article{dinicolantonio2018sugar,
title={Sugar addiction: is it real? A narrative review},
author={DiNicolantonio, James J and O’Keefe, James H and Wilson, William L},
journal={British journal of sports medicine},
volume={52},
number={14},
pages={910–913},
year={2018},
publisher={BMJ Publishing Group Ltd and British Association of Sport and Exercise Medicine}
}

Avertissement.

L’article original possède 62 références bibliographiques.
Étant donné que l’article est payant, étant donné que même l’article payant ne contient aucun service permettant de télécharger toutes les références bibtex d’un coup, étant donné que je travaille seul et bénévolement à ces traductions (et que donc j’ai besoin d’optimiser mon temps), je n’incluerai pas les références bibliographiques dans l’article traduit en français.
J’attire l’attention des gouvernements français et européens.
Il est plus que temps de rendre illégale et condamnable, la publication d’articles scientifiques dont la totalité des références bibliographiques ne sont pas téléchargeables au format bibtex en un seul clic.
Si vous n’êtes pas satisfait, vous pouvez générer le fichier .bib des 62 références, et me l’envoyer par mail. Mon mail est dans la section « à propos ».
J’ai remarqué que l’article original était disponible gratuitement sur la fameuse plateforme au logo de corbeau.

Introduction

Il a été suggéré que les sucres ajoutés raffinés créent une accoutumance, tout comme la cocaïne, la nicotine, l’alcool, le tabac et la caféine.
En réalité, les fumeurs chroniques suppriment plus facilement leurs envies de cigarettes que leurs envies de nourriture.
Certaines personnes signalent une augmentation des envies sucrées après avoir cessé de fumer, ce qui explique probablement la prise de poids typique associée à l’arrêt du tabac.
D’ailleurs, le glucose oral peut même diminuer les envies de fumer et l’inconfort de sevrage.
Une étude sur des individus dépendants à la cocaïne, a noté que leur goût et leur désir de nourriture étaient encore plus grands que leur goût et leur désir de cocaïne.
Comme les aliments sucrés sont les aliments les plus désirés, cela suggère que la récompense et les envies de sucres ajoutés pourraient être comparables à celles des substances addictives.

En fait, les envies de nourriture se recoupent fortement avec les envies de drogue, et les études sur les animaux montrent que le sucré, comme le sucre ou la saccharine, est préféré, même à des drogues addictives comme la cocaïne.
Une fois le sucre introduit (même chez des rats de laboratoire déjà accros à la cocaïne), les rats passeront presque toujours à la consommation de sucre.
C’est parce que la récompense du sucre surpasse même celle de la cocaïne.
La consommation de sucre produit des effets similaires à ceux de la cocaïne, modifiant l’humeur, peut-être par sa capacité à induire des récompenses et du plaisir, conduisant à la recherche de sucre.
D’autres auteurs ont montré que les aliments riches en sucre produisent des effets psychoactifs semblables à ceux d’une drogue.

Le sucre comme récompense naturelle, est une autre adaptation évolutive, car elle aurait poussé les humains à rechercher et à consommer du sucre, quand présent dans la source de nourriture.
La consommation accrue d’aliments riches en sucre (comme les fruits mûrs et le miel) aurait augmenté les chances de survie pendant les périodes de pénurie alimentaire, puisque le sucre nous aide à fabriquer du gras, et qu’en plus, lorsque trouvé dans la nature, il indique généralement des aliments qui auraient fourni de grandes quantités de calories.
Les individus avec les plus grandes réserves de graisse avaient probablement un fort avantage évolutif en matière de survie en période de pénurie alimentaire.
Ainsi, les envies de sucre ont probablement conféré un fort avantage évolutif.

Malheureusement, les humains ne se sont jamais adaptés à la récompense intense qui suit la consommation de sucres ajoutés hautement raffinés, et la disponibilité 24h/24 et 7j/7 de ces sucres, nous offre peu de répit.
En d’autres termes, nous pouvons fuir le sucre mais nous ne pouvons pas nous en cacher.
Les formes les plus courantes de sucre ajouté sont le saccharose (sucre de table) et le sirop de maïs à haute teneur en fructose.
Chacun contient les sucres simples glucose et fructose.
Cette récompense contre-nature de la consommation de sucre (dépassant celle des drogues) l’emporte sur nos mécanismes de maîtrise de soi, nous prédisposant ainsi à la dépendance au sucre.
En effet, les substances sucrées sont extrêmement gratifiantes pour les humains et les autres mammifères, mais il y a définitivement des différences génétiques dans la force de cette préférence pour le sucré.
Et avec le récent « sucrage de l’alimentation mondiale », il y a eu une augmentation spectaculaire de la consommation de sucre.
Les sucres ajoutés ont pénétré les approvisionnements alimentaires de pratiquement tous les coins isolés du monde.

La raison pour laquelle nous ne sommes peut-être pas cabables d’abandonner les choses sucrées, c’est que les sensations sucrées sont l’un des plaisirs sensoriels les plus intenses que les humains expérimentent de nos jours.
Notre recherche de substances sucrées dépasse tout besoin métabolique.
Et il n’y a aucune raison physiologique de consommer le moindre gramme de sucre ajouté, car il n’y a techniquement pas de « glucide essentiel » (contrairement aux protéines ou aux graisses).
Néanmoins, comme nous l’avons vu précédemment, la consommation de fructose a joué un rôle essentiel dans l’évolution humaine.
Bien que les individus puissent clairement prospérer et survivre sans aucun sucre ajouté, l’espèce humaine n’aurait probablement pas survécu très longtemps sans l’envie et la consommation de sources naturelles de fructose.

La question de l’attractivité des sucreries chez l’homme est encore compliquée par le fait que les individus perçoivent le goût sucré différemment.
La tendance à éprouver une addiction aux sucres raffinés est probablement enracinée à la fois dans la perception du goût sucré et dans la préférence de chaque individu, reflétant probablement des facteurs génétiques.
Ainsi, bien que les humains aient la capacité de devenir dépendants au sucre, la tendance à le faire est probablement multifactorielle.

Le sucre se comporte-t-il comme une drogue ?

De nos jours, le sucre a été raffiné jusqu’à l’état de substance chimique.
En effet, lorsque la canne à sucre est broyée et vidée de tout son contenu liquide, réduite en sirop, secouée puis dépouillée de toutes ses vitamines, minéraux et mélasses, on se retrouve avec de purs cristaux blancs.
Ce processus d’extraction et de raffinage est similaire à celui d’autres cristaux blancs addictifs: la cocaïne de la feuille de coca et l’opium de la graine/cosse de pavot.
Ainsi, c’est le raffinage du sucre qui amplifie de manière significative ses propriétés addictives.

[note du traducteur. Attention, ici quand j’utilise le mot « drogue », ce n’est pas le mot « drug » anglais, qui peut vouloir dire « médicaments ». J’utilise le mot « drogue » au sens premier qu’il a en français. Dans l’article original, l’auteur n’utilise pas le mot « drug » mais « drug of abuse », ce qui se traduit par « drogue d’abus ». Les barbituriques, les amphétamines, la cocaïne, le MDMA, le LSD, la codéine, l’héroïne et la morphine sont des exemples de drogues d’abus. Dans le milieu médical, on utilise aussi parfois le terme « substance d’abus ».]

Au cours de notre histoire évolutive, nous n’avons eu accès au fructose que dans le miel, les fruits et certains légumes. Et dans ces sources, sont présentes des fibres et d’autres substances qui ralentissent et limitent l’absorption du fructose.
Lorsque les niveaux de consommation de fructose sont faibles, comme dans le cas de notre histoire évolutive, environ la moitié est convertie en glucose et un quart est converti en lactate.
Très peu de fructose est converti en graisse lorsque la consommation est faible et la synthèse des acides gras n’est pas non plus régulée à la hausse.
Ainsi, tout au long de notre histoire évolutive, les humains ont consommé régulièrement une petite quantité de fructose et celle-ci n’a pas franchi le seuil de stockage des graisses.
Ce n’est que lorsqu’ils se gavent occasionnellement de fructose, après avoir trouvé une ruche, ou une grande quantité de fruits mûrs, qu’ils stockent de la graisse supplémentaire.
Il est important de noter que les antioxydants naturels contenus dans ces aliments naturels auraient diminué la formation de réserves de graisse « inflammatoires » (contrairement à la consommation de sucres ajoutés).

Mais le sucre se comporte-t-il comme une drogue ?
Il a été noté que se produisent, lors d’un accès intermittent au sucre ou au glucose, la même augmentation de la liaison au récepteur de la dopamine D et la même diminution de la liaison au récepteur D dans le striatum que celles qui se produisent suite à l’administration de cocaïne.
Les rats ayant un accès intermittent au sucre ont également la même diminution de l’ARNm du récepteur D dans le noyau accumbens, que celle qui se produit avec la morphine et la cocaïne.
De plus, la même augmentation de la liaison aux récepteurs-$\mu$ qui se produit avec la cocaïne ou la morphine, se produit avec une consommation intermittente de sucre.
Et enfin, la même libération de dopamine et la même réduction d’acétylcholine extracellulaire dans le noyau accumbens (indiquant une accoutumance) qui se produisent avec l’injection de morphine, se produisent avec la boulimie de sucre.
La figure fournit un schéma de la dépendance au sucre.

Le lien sucre-drogue va encore plus loin car un « transfert de la dépendance » peut se produire depuis le sucre vers les drogues et l’alcool.
Certains patients en surpoids peuvent transférer leur addiction aux aliments riches en sucre vers une addiction aux médicaments addictifs après une opération de chirurgie bariatrique.
[Note du traducteur: La chirurgie bariatrique est une chirurgie de l’estomac destinée aux personnes en surpoids ou obèses.]
Dans une étude, des patients ayant subi une chirurgie bariatrique, et qui avaient signalé des problèmes d’alimentation riches en sucre, avant la chirurgie bariatrique, étaient les plus susceptibles d’avoir de nouveaux troubles de consommation de substances après la chirurgie.

Afin de comprendre si le sucre crée une dépendance, nous devons comprendre la toxicomanie.
Prenez par exemple la dépendance aux opiacés, qui peut être diagnostiquée si la naloxone (un antagoniste des opiacés) entraine des signes de sevrage.
Étonnamment, c’est exactement ce qui se produit lorsque les animaux sont nourris avec du sucre et reçoivent ensuite de la naloxone.
Plus important encore, le sevrage qui se produit avec la naloxone chez ces animaux mangeant du sucre est similaire à celui observé avec la nicotine ou la morphine.
La dépendance au sucre semble être une dépendance aux opioïdes endogènes naturels du corps qui sont libérés lors de la consommation de sucre.
En effet, il existe des parallèles et des chevauchements importants entre les drogues d’abus et le sucre, du point de vue de la neurochimie cérébrale ainsi que du comportement.
Alors, revenons-en à la question, le sucre est-il addictif? Le terme addictif est généralement réservé aux drogues (la cocaïne, l’héroïne, la morphine, la nicotine et l’alcool) et est souvent utilisé comme synonyme de dépendance.
Le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, cinquième édition (DSM-5) définit le « trouble lié à l’utilisation de substances psychoactives » (c’est-à-dire la dépendance) quand au moins deux à trois critères (symptômes) parmi une liste de 11, sont réunis.
Il s’agissait d’un changement par rapport au Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, quatrième édition (DSM-IV), qui catégorisaient
l’abus de substances, et la dépendance aux substances, comme des troubles distincts. Et le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, quatrième édition (DSM-IV) n’exigeait qu’un seul critère pour décréter un abus de substance.
Dans le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, cinquième édition (DSM-5), les deux catégories « l’abus de substances », et « la dépendance aux substances » ont été combinées en « trouble lié à la consommation de substances psychoactives ».
Il est également intéressant de noter que l’hyperphagie boulimique a été ajoutée au Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, cinquième édition (DSM-5).
Les aliments sucrés et riches en matières grasses sont préférés par les personnes souffrant de troubles d’hyperphagie boulimique. Et ces préférences sont médiées par le système opioïde endogène.

Dans les modèles animaux, le sucre produit plus de symptômes (par exemple, envie, boulimie, accoutumance et sevrage) qu’il n’en faut pour être considéré comme une substance addictive.
Nous pouvons donc être tout à fait convaincus que le sucre crée effectivement une addiction dans les modèles animaux.
En réalité, les données animales démontrent un chevauchement important entre la consommation de sucres ajoutés et des effets similaires à celles des drogues, – produisant (1) des crises de boulimie, (2) une envie irrépressible (un fort désir de « consommer »), (3) une accoutumance (augmentation progressive des doses et une consommation répétée), (4) sevrage (signes physiologiques indésirables avec arrêt de l’utilisation), (5) sensibilisation croisée (réponse accrue aux drogues), (6) accoutumance croisée (les animaux deviennent tolérants aux effets analgésiques de la morphine après une consommation chronique de sucre ou de saccharine), (7) dépendance croisée ( suppression des symptômes de sevrage avec certaines autres drogues), (8) récompense (libération intense de dopamine dans le cerveau), et (9) effets opioïdes, tels que la libération d’opioïdes endogènes lors de la consommation de substances sucrées, symptômes de sevrage narcotique lorsqu’un bloqueur d’opiacés est administré, et d’autres changements dans le cerveau.

Une personne peut devenir accro au sucre en raison de la dépendance à ses propres opioïdes libérés de manière endogène.
Ceci est particulièrement révélateur lorsque l’on examine des patients anorexiques qui peuvent être « accros à la faim » par la même voie de dépendance que celle qui se produit lors de la consommation de sucre (c’est-à-dire la dépendance aux opioïdes libérés de manière endogène, qui se produit pendant la faim).
Si l’anorexie peut être classée comme une maladie, et est apparemment la dépendance du corps à ses propres opioïdes libérés de manière endogène, alors la dépendance au sucre (dépendance aux opioïdes libérés de manière endogène lors de la consommation de sucreries) devrait également tomber dans la catégorie « maladie ».

Le sucre est-il addictif chez l’homme ?

Au sens le plus pur, l’addiction est une dépendance psychologique, mais aussi une dépendance physiologique au sucre.
S’il n’existe pas d’accord universel sur la définition de l’addiction, certaines caractéristiques doivent être présentes pour diagnostiquer une addiction (envies, accoutumance et sevrage), autrement appelée « triade addictive ».
Pour que le sucre soit vraiment considéré comme addictif, il doit être capable d’induire un sevrage. Et pour que les humains aient des sevrages au sucre, un seuil doit être atteint.
Ainsi, une certaine dose de sucre doit être consommée pendant un certain temps, ce qui entraîne des changements neurochimiques dans le cerveau.
Cette période de temps varie probablement d’une personne à l’autre en fonction des différences génétiques.

Il se trouve qu’après plusieurs semaines à plusieurs mois de consommation chronique de sucre, la période entre 2 consommations de sucre peut provoquer une « carence en dopamine » dans le cerveau en raison d’une régulation négative des récepteurs de la dopamine D et d’une réduction de la liaison de la dopamine à ces récepteurs.
Mais pourquoi la carence en dopamine dans le cerveau est-elle un problème ?

Lorsque le cerveau est pauvre en dopamine, cela peut alors conduire à des sevrages.
Et c’est le sevrage qui peut conduire à une consommation de sucre perpétuelle et continue conduisant à l’addiction.
Mais les sevrages au sucre sont moins évidents à reconnaître que les sevrages aux drogues addictives.

En effet, les gens ne sont pas visiblement « affamés » de sucre, et ils n’ont pas non plus de signes de sevrage mettant leur vie en danger ni même de signes de sevrage physiquement apparants.
Mais cela ne veut pas dire que le sevrage du sucre n’existe pas dans le cerveau.
En fait, il a été suggéré que le manque de dopamine dans le cerveau pendant les périodes entre 2 consommations de sucre, entraîne des symptômes similaires au Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) tels que l’hyperactivité, le déficit de l’attention, la distraction et une diminution des performances.
Essentiellement, les symptômes de type TDAH pourraient être un signe de « sevrage » de la consommation de sucres ajoutés raffinés.

En réalité, obésité, Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH), addiction à la cocaïne ou à l’héroïne, partagent tous la même régulation négative des récepteurs D2 à la dopamine, dans le cerveau.
Cela suggère que ces trois problèmes ont le même problème sous-jacent: la carence en dopamine.
Pendant les périodes sans sucre, un léger état de dépression peut s’ensuivre en raison d’une carence en dopamine, qui peut être temporairement soulagée en consommant plus de sucre (d’où le terme « réparation au sucre »).
Cela conduit à un cycle sans fin et vicieux de hauts et de bas de dopamine, perpétuant la consommation continue de sucre et la dépendance à son apport.

Le sucre et les glucides à indice glycémique élevé ont également un effet sur la sérotonine cérébrale.
Après avoir consommé un repas riche en sucre ou en glucides, il y a une hausse de la sérotonine cérébrale.
En d’autres termes, les gens peuvent surconsommer du sucre parce que cela les fait se sentir mieux.
Au fil du temps, cela peut entraîner un épuisement de la sérotonine dans le cerveau, perpétuant la dépendance au sucre.
Comme nous l’avons vu, ces patients ont également tendance à présenter un déficit en dopamine avec une régulation négative des récepteurs de la dopamine.
Cette combinaison pourrait bien expliquer l’association de l’obésité avec de nombreux autres troubles cérébraux comme la dépression, les troubles anxieux, le trouble bipolaire et le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH).

Après avoir consommé de grandes quantités de sucre, une baisse de la glycémie peut entraîner une dépendance supplémentaire au sucre.
Tout au long de notre histoire évolutive, de faibles taux de glucose dans le sang signifiaient « il est temps de manger », et quand l’occasion se présentait, il était parfaitement logique de manger quelque chose avec du sucre ou de l’amidon, le moyen le plus rapide de rétablir des taux de glucose normaux.
Une faim accrue et des envies sucrées étaient les moyens de Mère Nature d’accomplir cette tâche critique.
Mais aujourd’hui, avec un approvisionnement constant en sucre ajouté facilement disponible, préconiser la consommation de sucre comme traitement de l’hypoglycémie peut aggraver la situation.
Comme on estime maintenant qu’environ un million d’américains souffrent de résistance à l’insuline, une grande partie de la population pourrait être particulièrement exposée à la dépendance au sucre.

La dépendance au sucre pourrait prédisposer à la dépendance aux drogues

Le sucre produit des effets similaires à celles des drogues, qui peuvent augmenter le risque de toxicomanie.
En effet, le sucre peut avoir un « effet de passerelle » car il provoque une sensibilisation croisée avec les drogues.
Cependant, ces effets ne sont pas toujours reproductibles et des travaux supplémentaires chez l’homme sont nécessaires pour élucider pleinement ces effets.
La consommation de sucre a même provoqué une augmentation de la consommation d’alcool pendant les périodes d’abstinence de sucre.
Les rats ayant reçu des injections quotidiennes d’amphétamines deviennent hyperactifs après avoir goûté au sucre.
Et cela se produit même lorsque de faibles doses d’amphétamines sont utilisées.
Il a également été découvert que le sucre provoque une sensibilisation croisée à la cocaïne, et peut entraîner une sensibilisation à l’agoniste de la dopamine, le quinpirole.
[Note du traducteur: agoniste: Substance ou médicament qui produit des effets identiques à ceux d’une substance de référence.]
Ces données suggèrent que la consommation de sucre peut sensibiliser le système cérébral dopaminergique, contribuant à l’addiction et à l’abus de polysubstances.
De plus, les animaux qui préfèrent le sucré s’administreront eux-mêmes de la cocaïne à un taux plus élevé.
Et ceci peut être dû aux effets du sucre: effets dopaminergiques, effets cholinergiques, effets imitateurs des opioïdes, effets imitateurs des stimulants comme la dexamphétamine, le méthylphénidate et le modafinil (bien que de moindre ampleur).

Le glucose postingestif peut activer le circuit cérébral de récompense par la dopamine, indépendamment du goût sucré, et cet appétit sucré peut même être stimulé par la présence de glucose dans le tractus gastro-intestinal.

Contrairement à la toxicomanie ou à l’alcoolisme, en général, l’addiction au sucre a peu d’impact social négatif direct sur les individus ou leurs familles.
La dépendance au sucre a un impact clair sur notre santé collective : elle nous rend gros et métaboliquement malades.
Le fructose contenu dans le saccharose, le miel, le sirop de maïs à haute teneur en fructose et les fruits, a peu d’impact sur le stockage des graisses lorsqu’il est consommé en petites quantités.
C’était clairement la façon dont les humains interagissaient avec les sucres simples la plupart du temps dans le passé.
Nos anciens ancêtres se seraient gavés de fruits ou de miel lorsqu’ils étaient disponibles, mais ces épisodes étaient clairement sporadiques.
Dans le monde d’aujourd’hui, avec la disponibilité 24h/24 7j/7 d’aliments hautement transformés chargés de sucres ajoutés, ces épisodes d’envie et de boulimie seraient presque constants, entraînant une consommation nettement accrue de fructose.
Une consommation excessive de fructose favorise le stockage des graisses notamment au niveau du foie.
Cela confirme le vieil adage « la dose fait le poison ».

Sur la base des preuves susmentionnées, le sucre répond à de nombreuses caractéritiques de substance d’abus et pourrait être potentiellement addictif pour l’homme.
Les changements qui se produisent dans la neurochimie du cerveau avec les drogues sont similaires à ceux qui résultent de la consommation de sucre. Mais ces derniers sont de moindre ampleur que les premiers.
En raison de la nature de l’addiction, il est peu probable que le simple fait de dire aux gens de consommer moins de sucre soit efficace.
La profession médicale devrait se concentrer sur la recherche de traitements qui suppriment ou éliminent ces envies.
La varénicline (Chantix) est approuvée par la Food and Drug Administration comme aide pour arrêter de fumer, et elle diminue également considérablement les envies de sucre.
Quelques cas rapportés suggérent que la varénicline pourrait être efficace pour la perte de poids.

Certains suppléments tels que le picolinate de chrome et la L-glutamine ont été rapportés comme freins aux envies sucrées, mais à ce jour, les recherches sur ces suppléments sont limitées.
Le picolinate de chrome semble être particulièrement efficace pour les patients souffrant d’hyperphagie boulimique et de dépression.
Malheureusement, comme c’est le cas pour de nombreux suppléments, à l’heure actuelle, nous manquons d’études contrôlées de grande envergure sur ces suppléments.

En conclusion, il est maintenant temps de se débarrasser des habitudes et de dire adieu aux trucs sucrés pour de bon.
Espérons qu’à l’avenir, nous aurons des traitements médicaux plus efficaces qui nous aideront dans cette entreprise cruciale.

Qu’est-ce qui est déjà connu ?
Les substances d’abus sont reconnues dans l’ensemble de la communauté médicale comme ayant le potentiel d’être addictives.
La consommation de sucre a augmenté parallèlement à son introduction dans l’approvisionnement alimentaire.
Le sucre peut entraîner une augmentation de la consommation alimentaire, de l’obésité et du diabète.

Quelles sont les découvertes ?
Des études animales ont confirmé que la récompense du sucre peut surpasser celle de la cocaïne.
Dans les études animales, le sucre produit plus de symptômes que nécessaire pour être considéré comme une substance addictive.
Dans les études animales, il existe un chevauchement entre la consommation de sucres ajoutés et des effets similaires à celles des drogues (par exemple: boulimie, envie, accoutumance, sevrage, sensibilisation croisée, tolérance croisée, dépendance croisée, récompense et effets opioïdes).
La dépendance au sucre peut être une dépendance aux opioïdes endogènes naturels qui sont libérés lors de la consommation de sucre.
Tant chez les animaux que chez les humains, il existe des parallèles et des chevauchements substantiels entre les drogues d’abus et le sucre, du point de vue de la neurochimie cérébrale ainsi que du comportement.

Références personnelles et mon profil:

Références de mon sujet de thèse:
https://www.theses.fr/2016LARE0005

Un peu de biblio perso:
Manuscrit de thèse « RECONNAISSANCE AUTOMATIQUE DE SONS D’OISEAUX ET D’INSECTES ».
Olivier Dufour, le 18 février 2016, pour l’obtention du grade de Docteur de l’université de la Réunion »:
https://drive.google.com/file/d/1rPhJJMyPIi7ZUWQ_KzYGHbzBRyYJJdwR/view?usp=sharing
https://www.researchgate.net/profile/Olivier_Dufour2
https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=XGOfDwAAQBAJ&oi=fnd&pg=PA83&dq=olivier+dufour&ots=7gTOW4reSH&sig=Ux_G5gM3DgOAvTjX1IniIQR2Gko#v=onepage&q=olivier%20dufour&f=false
https://cel.archives-ouvertes.fr/LIP6/hal-01488785v1
https://hal-amu.archives-ouvertes.fr/hal-01488264/
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1574954116301194
https://doi.org/10.1016/j.ecoinf.2016.08.004

Les articles que j’ai reviewés pour la revue scientifique à comité de lecture « Ecological informatics »:
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1574954116301261
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1574954117300286
https://arxiv.org/abs/1909.04425
https://cel.archives-ouvertes.fr/LIP6/hal-01488786v1

Pour recevoir les prochaines traductions d’articles scientifiques par mail:
https://retexp.fr/recevoir-par-mail-les-prochaines-videos-sur-le-theme-du-soutien-scolaire/

Pour écouter toutes mes autres lectures d’articles scientifiques anglais traduits en français:
https://www.youtube.com/playlist?list=PLOQanq3p4_Clc1XMv80x0oJaHc_GgMRo2
https://retexp.fr/comment-savoir-si-un-article-scientifique-anglais-a-deja-ete-traduit-en-francais/

F A C E B O O K
https://www.facebook.com/Science-Dr-Dufour-Olivier-2316438282013527/

T W I T T E R
https://twitter.com/dufour_dr

Je suis le Docteur Olivier Dufour. (Montpellier)


0 commentaire

Laisser un commentaire